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Madamoiselle Mani rentre en scène
30 septembre 2008

+La voix de Dieu+

Chapitre 13 :

Tu étais mes yeux dans ce rêve, étranger dans une vie qui ne m’appartenait pas. J’étais toi, tu étais moi…Tu courrais, le vent fouettait ton visage et  te faisait plisser les yeux, vivifiant et enivrant. Tu courrais…à en perdre haleine dans une immense plaine, une étendue verte baignée de soleil, formant ici ou là des marécages lumineux. J’entendais ton souffle court et tes pas martelant le sentier sinueux que tu empruntais,la poussière tourbillonnant sur ton passage .

-« Leika attends moi » Ta voix résonna, j’aurai pu la reconnaître entre mille. Elle semblait pourtant différente avec un trémolos cristallin signe d’un âge enfantin. Au détour d’un chemin j’aperçus une autre silhouette à quelques mètres. Elle courrait tout comme toi. Tes enjambées se firent plus grandes, déterminée à la rattraper. J’imaginais l’air résolu et concentré que tu devais afficher et je souris...Tu parvins à réduire la distance. Je pouvais maintenant apercevoir nettement son dos et quelle ne fut pas ma surprise quand je vis des cheveux du même vert que les tiens tels la mousse des bois, voleter dans les rayons du soleil au rythme de sa course. Je remarquai soudain une drôle de mélodie qui résonnait à mes oreilles. Un son étrange et envoûtant comparable aux carillons qu’on place devant les porte néanmoins il me parvenait étouffé et déformé comme si j’eu plongé ma tête dans l’eau. Soudain je vis ta petite main se tendre vers la silhouette, celle-ci se retourna et j’émis un cri de stupeur. Un visage en tout point identique au tien nous faisait face. On aurait pu croire que tu te tenais devant un miroir et que ton reflet te souriait doucement. Ton y était : ton petit nez, tes pommettes hautes, tes yeux d’une couleur de ciel d’été, tes cheveux fou qui te donnait l’air d’une sauvageonne. Néanmoins la lueur de malice qui brûlait au fond de tes iris était remplacée par une lueur de sagesse, ton sourire taquin par un compatissant.

-« Tu es plus douée que moi pour la course d’endurance Lore, je suis jalouse » Dit-elle affichant une mine boudeuse.

-« allons Leika comment peut-on être jalouse de soi même » lui répondis-tu en riant. Elle se joignit à toi, même son léger qui résonna dans l’immensité verdâtre. Elle te pris doucement les deux mains, paumes contre paumes .Ta tête posée sur la sienne, elle ferma les yeux. Je me sentais mal à l’aise, sentiment surgit de nulle part, prémonition d’un évènement tragique qui me serrait les entrailles. Le son de carillon résonnait toujours à mes oreilles, imperturbable il semblait vouloir marquer une cadence.

-« Nous serons unies pour la vie n’est-ce pas Lore ? »

-« Je te le promets… tu es mon autre, ma vie, mon air ,ma terre » tu prononças ses mots sur le ton du serment. J’avais entendu dire que les jumelles et jumeaux étaient fortement unis. Cette déclaration me paraissait être un euphémisme comparé à l’intensité du lien  qui unissait votre regard, si fort qu’on aurait pu le toucher si épais qu’il semblait formé un mur impénétrable autour de vous, une autre réalité inaccessible pour les inconnus. C’était à la fois mystique et inexplicable. Vous formiez un univers complet à vous deux où les autres n’auraient joué le rôle que de planètes satellites et lointaines à des milliers d’années lumière. Vous étiez l’infini et le néant à la fois, l’immensément grand et l’infiniment petit…Toujours ce bruit étouffé de carillon…

-« Leïka si on allait jouer sur les falaises ! »

-« Sur les falaise mais c’est dangereux et  glissant et extrêmement haut.. » Elle avait baissé le regard  et murmuré d’un ton inquiet et presque suppliant.

-« Mais non, nous serons prudentes puis c’est fantastique de sentir le vent de la mer dans ses cheveux. On a l’impression de voler » Tu avais dit cela en levant tes mains d’enfant vers le ciel azuré et tu riais le visage tourné vers l’astre lumineux. Sans laisser le temps de répondre à ta sœur tu lui pris la main et l’emmena vers l’endroit où la falaise s’arrête. C’était le domaine du minéral où la mer avait repris ses droits grappillant des morceaux entiers de la tunique moussue de la plaine. Je sentis mon cœur s’affoler j’aurai voulu crier de ne pas y aller mais je n’étais qu’un témoin, prisonnier passif d’un souvenir. La réalité était déjà passée et sur elle je n’avais aucune emprise. Tu riais toujours et ta sœur emplie par ta joie de vivre oublia le danger qu’elle avait pressenti. Vous tourniez sur vous-même, ivres du vent salé et hilares du tournis que votre folle ronde provoquait. Tu lui tournas le dos un moment pour contempler le spectacle de  la plaine descendant en pente douce…

  Quand tu te retournas, ta sœur n’était plus là…Elle était suspendue dans le vide, le visage horrifié et le bras tendu dans une vaine tentative de s’accrocher au vide. Soudain le carillon arrêta son chant sur une dernière note aigue qui résonna comme  suspendue dans l’air. La scène se passa dans une autre univers .Un univers dans lequel le temps s’écoulait plus lentement. Je vis chaque détail : ta main qui se tendit pour essayer de rattraper ta sœur ,ses cheveux qui volèrent dans le vide, son visage livide,ses yeux apeurés et suppliant, la pierre sur laquelle elle avait trébuché continuant sa course. Puis tout d’un coup plus rien…Elle était définitivement hors de ta vision, tombée comme un ange ayant perdu ses ailes. Ton bras resta un moment suspendu puis retomba mollement le long de ton corps. Tu marchas jusqu’au bord de la falaise. Tu n’avais plus de cœur où plutôt tu n’étais plus qu’un cœur. Mes oreilles bourdonnaient, mes tympans vrillaient sous les coups de tambour de celui-ci. Le sang me battait aux temps à me faire exploser la tête alors que nous approchions du bord de la falaise. Quand nos yeux se posèrent au bas de celle-ci le spectacle me souleva l’estomac et les entrailles. Leïka ne respirait plus la vie avait quitté son corps, brisé sur les rochers Mannequin d’osier ballotté par le ressac des vague se brisants, sa chevelure  formait un halo autour de son visage  ensanglanté qui ne te sourirait plus jamais. Une sensation horrible s’empara de nous, comparable à des coups de poignards lacérant nos poumons  comme ton cœur qui ne battait plus, il s’était cassé au pied des falaises avec ta sœur. Tout d’un coup j’ouvris les yeux, sonné par le rêve. Je tanguais quelque peu essayant de me rappeler où j’étais avant de plonger dans tes souvenirs. C’est ton cri perçant et affolé qui me ramena subitement à la réalité, me glaçant jusqu’à la jointure de mes os. Tu appelais ta sœur à t’en rompre la voix…

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