Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Madamoiselle Mani rentre en scène
30 septembre 2008

+La voix de Dieu+

Chapitre 14 :

  Tu étais redressée à moitié dans ton lit. Ta peau diaphane s’était teintée d’une couleur verdâtre et des gouttes de sueur coulaient de tes tempes, suivant la ligne gracile de ton cou pour rejoindre ta poitrine où elles formaient une rivière. Tes yeux exorbités fixaient un point qui n’existait pas. Tes lèvres tremblaient et telle une psalmodie tu répétais le nom de ta sœur disparue. Pour la première fois depuis notre rencontre je ne pouvais percer le voile de tes pensées ni celles de tes émotions. Je paniquais sentant que je devais faire quelque chose, n’importe quoi…Je déployai mes ailes pour te rejoindre mais sans avoir eu le temps de comprendre je me retrouva cloué au sol, les ailes écartées et la respiration coupée…

J’avais l’impression de porter le ciel sur mon dos. Je voulu bouger mais j’en étais incapable. Chaque centimètre de mon corps fut alors parcouru d’une atroce douleur tel des milliers d’aiguilles chauffées à blanc me transperçant de toute part. Je voulu hurler mais la douleur était telle qu’elle me rendait muet. Mes tympans étaient troués par un bruit aigu et insupportable qui me donnait l’envie de vomir. Mes muscles semblaient être devenus fous se tordant et s’étirant à l’infini. Les fibres qui les composaient allaient finir par se rompre, j’en étais certain. Je te vis dans le brouillard de mes pleurs et ma sueur mélangés, te précipiter. Ton visage fut bientôt au dessus de moi, horrifié et de plus en plus livide. Je m’en voulais tellement de te faire subir cette nouvelle épreuve. Tes lèvres bougèrent et je devinais que tu hurlais mon nom. Sans prévenir une douleur plus vive, si c’est possible, me transperça la tête comme si m’ont eu harponné de l’arrière du crâne jusqu’au milieu du front. J’allais mourir du moins je le crus. J’eu le temps d’apercevoir Max paniqué, passer le seuil de la porte puis comme si le harpon m’entraînait vers de sombres abysses, je sombra…

  Je repris conscience dans un monde étincelant. Etrangement je ne sentais plus rien, je flottais porter par de l’air doux et caressant. Une lumière vive m’entourait formant de lourdes tentures et des coussins moelleux m’enfermant dans un monde de silence et de bruits feutrés. Mais où étais-je ? Dieu m’avait il rappelé à lui, ma mission était-elle terminée avant d’avoir vraiment commencée ?  Cette pensée m’angoissa .Mon coeur se fendit comme une terre aride à la pensée de t’abandonner seule dans ce monde malheureux. Soudain un air s’éleva, d’abord une voix unique et cristalline suivi bientôt par une chorale entière :

A nos joies passées

À nos ailes à nos étoiles

À la vie comme à la mort

Nous tomberons nous rêverons encore

À nos flèches en lambeaux

Nous étions mille

Nous serons deux

Le cœur battant

Le cœur glorieux

Nous trouverons un ciel

Mais nous saignerons encore

A nos secrets a nos trésors

À la vie comme à la mort

À l’azur blessé

À nos joies passés

À nos rêves enfin

À nos paradis sans fin

L’ode s’arrêta subitement sur le crescendo du dernier vers.   Je ne l’avais jamais entendue et pourtant je la connaissais, elle avait été gravée dans ma mémoire depuis fort longtemps. Des larmes coulèrent de mes yeux et je remontais mes bras jusqu’a toucher mon visage. Je n’étais plus un faucon fait de plumes et de cers. Mes bras étaient forts mes mains fines et grandes. Je descendis de mes longs doigts fins vers l’arrête de mon nez, m’attardant  sur mes clavicules saillantes, repartis vers les contrées de mon abdomen musclé. Que signifiait tout ça ? Soudain une voix douce et mélancolique coupa ma réflexion. Malgré ses accents fragiles elle murmura d’un ton autoritaire :

-« Le moment est venu enfant du Seigneur…Fais retentir la Voix de Dieu ! Suis ta destinée et ne te retourne pas ! Que la volonté s’accomplisse » Un bruit sourd comme un gong qu’on frappe, retentit. Je fus de nouveau aspiré dans le néant. Je repris conscience pourtant je ne voyais rien. J’essayais de bouger mais mon corps était rigide comme du…bois. Je ne sentais plus le sang chaud couler dans mes veines. Mon monde était devenu des ténèbres opaques. Je sentis la pression de tes fins doigts me serrer. Je sentit ton petit cœur battre, puis  ta voix retentie dans mon esprit, , demandant timidement :

-« Armada tout va bien ? »

-« Lore je suis si content d’entendre ta voix que se passe t-il bon sang ? »

Comme une réponse à ma requête tu te concentras et ma vision se superposa à la tienne. Ce que je vis me coupa le souffle…

Tu ne serrais par un faucon dans tes bras encore moins un être humain mais un arc… 

PS: Cahnson tirée de Lady Boy d'Indochine que j'ai légèrement retravaillée

Publicité
Commentaires
Madamoiselle Mani rentre en scène
Publicité
Publicité