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Madamoiselle Mani rentre en scène
30 septembre 2008

+La voix de Dieu+

Premier chapitre :

Souviens toi de ce 4 novembre, oui souviens t-en !

Pour moi il avait un goût de commencement pour toi il avait la saveur d’une résurrection…

Je m’en souviens comme si c’était hier, le ciel était de plomb vomissait des trombes d’eau. Le vent hurlait dans les feuillages se pliant sous tant de violence.

Je t’ai vu marcher, seule, dans la forêt. Tes pas ne semblaient avoir aucun but précis. On aurait dit un enfant perdu et j’aurais tant aimé pouvoir te prendre la main. J’étais tellement découragé par mes années de solitude que je n’avais plus envie de parler mais ce jour-là, je ne sais pourquoi, j’ai chanté ce poème :

Je suis la lumière

Et vous ne me voyez pas.

Je suis la route

Et vous ne me suivez pas.

Je suis la vérité

Et vous ne me croyez pas.

Je suis la vie

Et vous ne me cherchez pas.

Je suis votre chef

Et vous ne m’obéissez pas.

Je suis votre Dieu

Et vous ne me priez pas.

Si vous êtes malheureux

Ne me le reprochez pas.

Ma voix s’est éteinte sur un dernier trémolo et alors que je savourais l’Echos de cette ode, tu as arrêtés ta marche morne. J’ai été si surpris ! Tu as tournés tes yeux, ils étaient vides comme un puit sans fond pourtant j’y ai discerné larmes et peine, désespoir et colère. J’ai été frappé de stupeur  je lisais en toi comme dans un livre ouvert. De tes pas hésitants tu t’es rapprochée …Tu étais vêtue de guenilles et haillons et nus pieds. Ton corps était maculé de terre et de sang immonde formant des croûtes sur ton corps si fragile. Tu m’a pris dans tes petites mains et je n’ai su que murmuré un :

-« Alors tu peux m’entendre ? »

Tu n’as eu aucune réaction, tes mains tremblaient mais tu me serais fermement comme un trésor précieux. Tu as murmuré un « Maman » noyé de larmes qui striaient tes deux pommettes. Je n’ai plus osé parler…Toute la nuit, réfugiée sous un grand chêne, tu as répété cet ultime mot comme une explication à ton passé. Moi j’écoutais, me réchauffant contre ton cœur dont le battement irrégulier me faisait songer à une horloge déréglée. Par qui, par quoi ? La chaleur de ton corps semblait faire fondre le métal divin dans le quel j’étais façonné. La nuit est passée malgré ta douleur et le froid j’avais l’impression d’être vivant pour la première fois.

Le lendemain tu es devenue muette. Tu as trouvé une rivière et tu t’y es baignée à maintes reprises, comme pour te laver de nombreuses souillures.

Les jours et les semaines ont passé ta bouche est restée close retenue par les chaînes du désespoir et de la douleur. Mais peu m’importait je parlais pour deux ; te racontant la grande bonté de Dieu et son amour sans failles, les projets du comte et les jours du déluge, ma vie et mon ultime but, mes rêves et ma solitude. Je t’apprenais à t’orienter, à chasser, à te nourrir de baies et de fruits à survivre dans cette immense forêt qui était devenue notre maison. Tu apprenais très vite me stupéfiant un peu plus à chaque fois. Le temps a continué son court inlassablement et nous as amenée en ce jour de juillet. Nous nous adonnions à ton jeu préféré, en silence, celui de regarder les gros nuages défilés paresseusement dans le ciel azuré. Le soleil était clément et tu étais adossée à un chêne moussu, tes cheveux verts se confondant presque avec celui-ci. Les rayons déposaient des files d’or sur ta peau…Quand tu t’es retournée vers moi, tes prunelles n’étaient plus un puit sans fond mais une mer agitée

Tu m’as alors dit d’une voix rendue chevrotante par les mois de mutisme :

-« Et si on t’appelait Armada ? » 

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