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Madamoiselle Mani rentre en scène
30 septembre 2008

+la voix de Dieu+

Chapitre 3

J’étais recouvert de plumes …de belles plumes longues et argentées brillant au soleil levant. J’avais des yeux perçants et étincelants comme deux morceaux d’ambres scintillants. J’étais si excité par ma nouvelle apparence mais tes paupières étaient toujours closes, je ne voulais pas te réveiller et pourtant…Je t’ai doucement chatouillée le nez du bout des plumes et quand ton regard encore ensommeillé s’est posé sur moi je ressemblais plus à un pan, fier de lui. J’ai redressé ma tête dans une pose majestueuse dont seuls les grands rapaces ont le secret. Tu es restée longtemps à m’observer tu semblais hésité…ne sachant quel sentiment tu devais afficher. Mon ego commençait à battre de l’aile quand dans un souffle tu as murmuré :

-« Armada tu es…superbe » J’ai émis un huissement de plaisir et posait ma tête délicatement contre ton épaule. J’étais si bien avec toi, tu me caressais la tête de tes longs doigts fins. Nous sommes restés longtemps dans cette position. Je sentais des larmes chaudes coulées doucement sur mon duvet. Tes yeux pleuraient de joie et moi j’étais si heureux de t’accorder des minutes du bonheur que tu n’avais jamais eu. Quand le soleil fut haut dans le ciel je décidais de le fendre à toute vitesse. Mes premiers essais furent infructueux, je me cognais plus souvent aux branches des arbres qu’aux vents impétueux. Tu riais à pleins poumons de mes exploits ratés. Tu te moquais ouvertement de moi mais je n’en avais rien à faire car le plus important était que tu recouvrais une joie de vivre qui t’avait été refusée jusqu’alors.

  Nous nous sommes entraînés pendant de longues semaines. Je volais à pleine vitesse tantôt dans le ciel immense tantôt dans la cime des arbres évitant leur long bras squelettiques et leurs mains feuillues. Tu courrais au sol en me suivant d’abord essoufflée dès quelques instant puis en commençant à  endurer la vitesse et l’effort pendant de longs moments. Tu foulais la terre moussue de la forêt faisant virevolter les feuilles mortes, sautant et bondissant au dessus des obstacles. Tu avais l’air si concentrée et résolue et j’étais si fière de toi. Nous arrivions même parfois quand notre concentration était au beau fixe à voir ce que l’un et l’autre voyaient. Tu regardais le ciel avec moi je voyais les racines des chênes à tes côtés…Nous étions si absorbés par notre entraînement que nous n’avions pas vu arrivé l’automne avec ses arbres rouges sang et ses pluies infernales.

Un jour  tu es arrivés dans notre grotte formée dans le creux du tronc de notre gros chêne celui où tu avais posé  tes yeux sur moi la toute première fois…1 ans avait passé et le 4 novembre était à notre porte. Je me suis retournée vers toi, heureux de fêter notre premier anniversaire, mon cœur a  alors cessé de battre …

Ton teint était blême couleur de craie, tes yeux si vifs ne ressemblaient plus à une mer agitée mais à un étang mort. Tu t’es effondrée, terrassée par la fièvre qui faisait perler des gouttes de sueur sur ton front et sur ton si petit nez. Je me suis précipité vers toi me maudissant de n’avoir de bras pour te border. J’ai hurlé ton nom à me casser la voix …j’ai hurlé de toute ma force mes ailes recouvrant ton visage mais…tu sombrais déjà dans les limbes de l’inconscience conduite par la barque de la maladie qui te rongeait. Tu délirais murmurant des choses que je ne comprenais pas. Ma voix s’est éteinte, brisée par le désespoir et j’ai pleuré…je ne savais pas non plus que je le pouvais mais j’ai pleuré mouillant ton visage, tes mains et ta poitrine, maudissant mon existence inutile, cette forêt humide, ce temps malsain, le destin implacable  et même Dieu insensible…La nuit est passée, l’orage se déchaînait faisant grésiller l’air et s’hérisser mon plumage. Ton front était de plus en plus brûlant. Tu toussais tellement fort qu’on aurait cru que tes poumons partaient en lambeaux. J’étais désespéré. Je ne savais que trop bien que si quelque chose n’arrivait pas là maintenant ; c’est la mort qui allait bientôt te border et t’emmener avec elle, loin de moi et de mon amour …C’est à ce moment là que je l’ai vu sortir des sous bois d’un geste élégant et last, auréolé des première lueurs de l’aube. Il a enlevé sa capuche faisant danser ses blonds cheveux mi-longs autour de son fin visage. J’ai été frappé de stupeur par ses grands yeux bleus si froids mais en même temps si doux. Deux boucles d’oreille couleur d’émeraude scintillaient dans sa chevelure. Il était grand fin mais musclé.

En cet instant je n’ai su que penser : Dieu nous rappelle à lui et il a envoyé un ange. Il a doucement penché sa tête de côté, ses cheveux d’or glissant et cachant son œil droit. D’un caressant sourire il a chuchoté :

-« Hé bien mon ami je t’entends hurler de désespoir depuis que le soleil s’est couché…dis moi la cause de ton tourment, qui est Loroleï ? »

Je ne sais pourquoi mais j’ai alors émis un huissement de défis. Son rire s’est alors élevé dans le calme de l’aube, ses cheveux d’or volant dans les fragiles rayons.

-« Ne t’énerve pas bel oiseau ! Mais je ne me suis pas présenté me voila devenu grossier… » Il dit cela sur le ton de la conversation en esquivant une moue boudeuse.

-« Je me nomme Ael et je suis un sorcier » Il se courba … « Ael » ce nom m’étais familier mais où l’avais-je déjà entendu ? Tant pis je n’avais pas le choix, je tournais la tête vers toi allongée dans la creux de notre maison. Il suivit mon regard et ses yeux se posèrent sur toi, si fragile. Son air devint grave. Une lueur émana de lui en gagnant doucement en intensité et ses cheveux et sa cape furent balayés par un vent que je ne sentais pas. Mes oreilles se mirent à bourdonner…

J’ai alors penser que la puissance de l’orage de cette nuit n’était rien en comparaison de celle que semblait propager cet « Ael » sorti de nulle part…

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